UNION INTERNATIONALE DES TELECOMMUNICATIONS CONFERENCE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT DES TELECOMMUNICATIONS POUR LES ÉTATS ARABES (AR-CRDT-96) Beyrouth (Liban), 11-15 novembre 1996 Deuxième Conférence régionale de développement des télécommunications pour les États arabes Discours d'ouverture de M. Pekka Tarjanne, Secrétaire général de l'UIT Beyrouth, 11 novembre 1996 Excellences, Mesdames et Messieurs, Je tiens tout d'abord à remercier sincèrement les autorités de la République du Liban qui ont bien voulu accueillir cette deuxième Conférence régionale de développement des télécommunications pour les États arabes dans la belle ville de Beyrouth - ville chargée d'histoire, à jamais éternelle - qui a joué tout au long des siècles un rôle essentiel en Méditerranée (Mare Nostrum) et a toujours été et demeure, malgré tous les événements, le berceau des plus grandes civilisations mondiales - phénicienne, grecque, romaine, byzantine et arabe islamique, tout en continuant à être le centre des échanges et de la vie économique du Moyen-Orient. À en juger par la rapidité avec laquelle le pays s'est reconstruit après une guerre dévastatrice qui l'a déchiré pendant plus de dix-sept ans, il est certain que la stabilité est revenue et que le Liban va retrouver le rôle dynamique qui était le sien dans la région. Le fait que cette importante Conférence régionale s'y tienne en est la preuve. Excellences, Mesdames et Messieurs, La deuxième Conférence régionale de développement des télécommunications pour les États arabes se tient à un tournant de l'histoire de l'Union, peu de temps après le premier Forum mondial des politiques de télécommunication (FMPT) qui s'est tenu du 21 au 23 octobre 1996, à Genève, et la première réunion du Groupe de travail "UIT-2000" qui a eu lieu les 24 et 25 octobre, deux réunions importantes résultant pour la première, d'une décision de la Conférence de plénipotentiaires de Kyoto, en 1994, et pour la seconde, d'une décision du Conseil à sa session de 1996. Le Forum devait apporter des réponses aux problèmes de politique générale soulevés par l'évolution de l'environnement des télécommunications; quant au Groupe UIT-2000, il avait pour mission d'examiner toute une série de questions concernant l'évolution de la structure et du fonctionnement de l'Union. Pour la première fois, les États Membres et les Membres des Secteurs étaient assis côte à côte par ordre alphabétique, preuve que l'Union peut s'adapter avec pragmatisme et réalisme aux mutations de la conjoncture mondiale sur les plans politique, économique et social. À en juger d'après l'esprit constructif qui a animé les discussions et d'après la relative facilité avec laquelle un consensus s'est dégagé, on peut affirmer, sans exagération, que ces deux réunions ont été la preuve que les intérêts des États Membres et des Membres des Secteurs ne sont pas nécessairement divergents mais bien complémentaires, pour ne pas dire similaires, à condition que les questions en jeu soient abordées dans une perspective commune. L'UIT s'attaque aux problèmes d'aujourd'hui tout en relevant les défis de demain. Plusieurs activités qui ont abouti à des décisions ou des résultats importants illustrent les efforts que l'Union et ses Membres ne cessent de déployer pour stimuler le développement du secteur des télécommunications mondiales. Outre le premier FMPT et le Groupe "UIT-2000" dont je viens de parler, je voudrais attirer votre attention sur la session de 1996 du Conseil qui a été consacrée à plusieurs questions importantes et déterminantes pour le rôle et l'avenir de l'Union dans un environnement des télécommunications en pleine mutation. Au cours de ses délibérations, le Conseil a examiné cette année des questions très diverses, par exemple: • la création des conditions nécessaires à l'avènement de la nouvelle "société de l'information"; • l'amélioration des mécanismes d'assistance aux pays en développement; • l'examen des activités actuelles de l'UIT afin de renforcer les bases financières de l'Union; • l'élaboration de propositions visant à renforcer les liens entre d'une part les secteurs public et privé de l'industrie et d'autre part les États Membres de l'UIT; • l'établissement d'un juste équilibre entre les droits et obligations des États Membres et des Membres des secteurs (secteurs public et privé de l'industrie, entités non gouvernementales et organisations intergouvernementales); • l'amélioration de la structure et des méthodes de travail de l'Union; • l'avenir de l'UIT en tant qu'organisation intergouvernementale. Au nombre des Résolutions que le Conseil a adoptées à sa session de 1996, celles qui concernent le Plan stratégique pour l'an 2000, UIT-2000, les taxes de répartition téléphoniques et les services de rappel ("call-back") offrent, à mon sens, un intérêt tout particulier pour notre Conférence. Plan stratégique pour l'an 2000 Le Conseil a donné des directives pour l'élaboration du prochain Plan stratégique de l'UIT qui couvrira la période 1999-2003 et qui portera, entre autres, sur l'incidence de la libéralisation et de la mondialisation des télécommunications aux niveaux national et international, les conséquences de la convergence des télécommunications, de l'informatique et de la radiodiffusion, ainsi que le développement de l'infrastructure mondiale de l'information et de la société mondiale de l'information. UIT-2000 En application des résolutions adoptées par la Conférence de plénipotentiaires (Kyoto, 1994) et des rapports qui ont suivi concernant le renforcement des bases financières de l'Union et des droits et obligations des Membres de l'UIT, le Conseil a créé un Groupe de travail appelé "UIT- 2000". Ce Groupe, qui s'est réuni à Genève les 24 et 25 octobre, a commencé par étudier, en vue de faire des propositions à la Conférence de plénipotentiaires de 1998, une série de questions complexes et diverses, notamment l'élargissement de la participation des membres; l'élargissement de la composition de l'Union; le développement de nouveaux produits et services UIT; le réexamen des méthodes de travail; l'élaboration de stratégies d'externalisation et de recouvrement des coûts et les modifications à apporter aux contributions des membres. Comme je l'ai souvent dit, je suis persuadé que les questions examinées par le Groupe UIT-2000 sont les questions stratégiques les plus importantes auxquelles l'Union devra apporter une réponse et je vous demande instamment, à vous tous présents à cette Conférence, d'y contribuer. Taxes de répartition téléphoniques Compte tenu des préoccupations qu'ont exprimées certains pays en développement à propos du partage par moitié 50/50 des recettes de répartition tirées des télécommunications, la Commission d'études 3 de l'UIT-T a réfléchi à une réforme des taxes de répartition téléphoniques afin de faire en sorte que le coût de fourniture d'un service soit pris en compte. Services de rappel "call-back" Certains opérateurs de télécommunication ont, ces dernières années, tiré parti des différences de tarifs internationaux entre pays pour offrir des services dit de "rappel", pratique qui est source de problèmes lorsque l'un des deux pays concernés n'autorise pas des procédures d'appel alternatives. Ces problèmes peuvent être de nature technique - dégradation de la qualité de fonctionnement du réseau en raison de l'appel constant et de la suppression de réponse, de nature juridique - la législation d'un pays n'autorise pas ces pratiques, ou de nature économique - perte de recettes pour l'opérateur national lorsqu'un service de rappel est proposé. Selon certaines estimations, les services de rappel représentent environ 500 millions de dollars EU, somme qui devrait passer à 1,2 milliards de dollars EU d'ici la fin 1998. Le Conseil a approuvé une résolution demandant la suspension des pratiques de rappel qui entraînent une dégradation sérieuse de la qualité de fonctionnement du réseau. Cette même résolution invite en outre l'UIT-T à élaborer des recommandations qui guideront les Membres dans l'examen des questions relatives à ces services. Ce problème a également fait l'objet d'un débat approfondi lors de la récente Conférence mondiale de normalisation des télécommunications qui a adopté une résolution allant dans le même sens que celle du Conseil. Excellences, Mesdames et Messieurs, Avec le Forum mondial des politiques de télécommunication de l'UIT, la Conférence de plénipotentiaires de Kyoto, 1994, a voulu créer une instance où les États Membres de l'UIT et les Membres des Secteurs peuvent procéder à des discussions et des échanges de vues et d'informations sur la nouvelle politique des télécommunications et les questions de réglementation soulevées par l'évolution de l'environnement des télécommunications. Le FMPT ne devait produire ni règlements, ni textes contraignants, mais établir des rapports et, s'il y a lieu, formuler des avis à soumettre aux Membres et aux réunions compétentes de l'UIT. Le premier Forum mondial des politiques de télécommunication, qui a rassemblé quelque 900 délégués représentant 129 pays, s'est tenu à Genève, conformément à la Résolution 1083 adoptée par le Conseil à sa session de 1995 et a examiné la mise au point et la mise en service des "systèmes mobiles mondiaux de communications personnelles par satellite". À tous égards, ce premier Forum a été un succès et a dépassé les espérances des États Membres et des Membres des Secteurs. Il a consacré la convergence des intérêts du secteur public et du secteur privé et renforcé la conviction que, s'ils unissent leurs efforts, ces deux secteurs pourront, non seulement faciliter le développement des télécommunications mondiales, mais aussi faire en sorte que ce développement réponde davantage encore aux besoins de l'humanité. Après un large débat sur le rapport que j'avais présenté et qui faisait la synthèse des contributions des Membres de l'UIT sur les questions de politique générale et de réglementation liées à la mise en service des GMPCS, cinq Avis ont été adoptés. • L'Avis 1 traite "du rôle des GMPCS dans la mondialisation des télécommunications". • L'Avis 2 traite "de la position et principes communs relatifs aux GMPCS". • L'Avis 3 traite "des études essentielles devant être menées par l'UIT en vue de faciliter la mise en service des GMPCS". • L'Avis 4 traite de "l'établissement d'un mémorandum d'accord visant à faciliter la libre circulation des terminaux d'utilisateur de GMPCS". • L'Avis 5 traite de la "mise en oeuvre des GMPCS dans les pays en développement". Excellences, Mesdames et Messieurs, Dans le temps limité qui est imparti pour un discours d'ouverture, il est impossible de passer en revue, même brièvement, toutes les nombreuses activités de l'UIT susceptibles de présenter un intérêt pour notre Conférence. Il m'appartient, je crois, plus qu'à tout autre, de souligner ici combien l'année 1996 a été riche d'événements importants et lourds de conséquences pour l'UIT et le secteur des télécommunications dans son ensemble. La Conférence régionale africaine de développement des télécommunications qui s'est tenue à Abidjan en mai dernier, la réunion préparatoire de Damas, début juin, à la présente Conférence régionale de développement des télécommunications pour les États arabes, les colloques d'Abidjan et d'Amman sur le financement des télécommunications qui se sont tenus en mars et en septembre, les réunions des Commissions d'études 1 et 2 qui ont eu lieu pendant le mois de septembre, et enfin la réunion du CCDT à Genève en octobre, sont des jalons importants; leurs résultats intéressent directement, à n'en pas douter, nos travaux pendant les jours à venir. Puisque toutes ces activités ont été organisées et menées à leur terme par le BDT, M. Laouyane est certainement le mieux placé et le plus compétent pour vous en parler. C'est pourquoi, je me suis borné à les mentionner. Toutefois, avant de laisser la parole à M. Laouyane, permettez-moi de conclure simplement par les remarques que j'ai formulées il y a trois semaines seulement, pendant le déjeuner qui a eu lieu dans le cadre de la séance d'information sur les GMPCS. "On laisse parfois entendre que les systèmes mondiaux ont besoin d'un organisme de réglementation à l'échelle mondiale et que l'UIT devrait devenir une sorte de "FCC mondiale". Personnellement je ne partage pas ce point de vue. Comme je l'espère, le Forum des politiques démontrera qu'aussi longtemps que les nations peuvent continuer à se mettre d'accord sur des solutions communes pour résoudre les problèmes mondiaux, nous pouvons en rester au statu quo sans alourdir la bureaucratie. Le vrai problème selon moi est plutôt inverse - il faut donner une plus grande responsabilité aux instances régionales et locales, dans le cadre d'accords et d'ententes établis à l'échelle mondiale." Excellences, Mesdames et Messieurs, La balle est maintenant dans votre camp … Tous mes voeux de succès vous accompagnent dans vos travaux. ******* ____________________ 4