Le Sommet mondial sur la société de l'information
s'ouvre à Tunis
Tunis, 16 novembre — La
seconde phase du Sommet mondial sur la société de l'information a commencé
aujourd'hui, et plus de 16 000 délégués de 176 pays ont fait le voyage de
Tunis pour débattre des stratégies susceptibles d'améliorer l'accessibilité,
notamment financière, des technologies de l'information et de la
communication.
Dans l'allocution qu'il a prononcée à la cérémonie d'ouverture du Sommet,
M. Yoshio Utsumi, Secrétaire général de l'Union internationale des
télécommunications (UIT) et Secrétaire général du SMSI, a exhorté les
dirigeants de tous les pays du monde à placer les technologies de
l'information et de la communication (TIC) au coeur des politiques
nationales de développement économique et social.
M. Utsumi a évoqué avec enthousiasme les possibilités sans précédent
qu'offrent les nouvelles technologies, tout en formulant une mise en garde:
si l'accès à ces puissants outils de croissance économique restait l'apanage
des nations les plus riches, les inégalités, dans le monde, risqueraient de
s'accentuer encore.
"Il est en notre pouvoir d'édifier une société plus juste et plus
équitable, une société de l'information dans laquelle les pays en
développement, malgré leur industrialisation encore insuffisante, leurs
contraintes géographiques ou une histoire récente tumultueuse, auront – pour
la première fois peut-être dans l'histoire de l'humanité - des chances bien
réelles de combler le retard qu'ils ont par rapport à leurs voisins plus
aisés", a ajouté M. Utsumi au cours des discussions qui ont suivi la
cérémonie.
Le Sommet a été officiellement ouvert par S. E. M. Zine El Abidine Ben
Ali, Président de la Tunisie, qui a souhaité la bienvenue aux délégués
rassemblés à Tunis-Carthage, cité placée sous le signe du dialogue depuis
des temps immémoriaux, pour édifier une société du savoir et de la
communication porteuse d'un avenir plus prometteur pour toute l'humanité. Le
Président de la Tunisie a insisté sur la nécessité d'une coopération
renforcée entre tous les acteurs internationaux, car il s'agit de réduire
les clivages entre les peuples et de parvenir à une société de l'information
équilibrée, sure et équitable.
Prenant la parole après le Président Ben Ali, le Secrétaire général de
l'ONU, M. Kofi Annan, a dans ses observations appelé l'attention des
participants sur le problème de la gouvernance de l'Internet, déclarant que
l'Organisation ne ménageait aucun effort pour protéger et renforcer
l'Internet, et faire en sorte que ses bienfaits soient accessibles à tous.
"Mais je tiens à préciser, pour éviter tout malentendu, que l'Organisation
des Nations Unies ne souhaite pas prendre le contrôle de l'Internet, le
policer ou le réglementer de toute autre manière" a déclaré M. Annan, qui a
pour conclure exprimé son espoir que la future société mondiale de
l'information fera avancer la cause du développement, de la dignité et de la
paix.
L'importance du principe d'accès ouvert à l'information a été rappelée
aussi par M. Samuel Schmid, Président de la Confédération helvétique pour
qui la liberté d'expression et la liberté de l'information doivent
absolument constituer des thèmes centraux au cours de ce Sommet mondial, et
au-delà.
Ont également pris la parole pendant la cérémonie d'ouverture M. Craig
Barrett, Président de la société Intel Corporation, S. E. M. l'ambassadeur
Janis Karklins, Président du Comité de préparation de la phase de Tunis, et
Mme Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix 2003.
Prenant la parole en tant que représentante de la société civile, Mme Ebadi
a préconisé la création d'une commission spéciale sous les auspices de
l'Organisation des Nations Unies, qui serait composée de représentants de l'UIT,
de l'UNESCO, de la Commission des droits de l'homme des Nations Unies, de
l'UNICEF, du PNUD, de diverses ONG et qui serait chargée de suivre
l'évolution de problèmes comme le filtrage des contenus sur l'Internet ou
les restrictions imposées à la liberté d'expression.
En tant que représentant du secteur privé, M. Barrett a déclaré que
l'Internet était le support par excellence pour l'accès à l'information, les
échanges commerciaux, les communications et surtout l'éducation et a
souligné qu'il fallait que le processus décisionnel repose sur un savoir
acquis par l'enseignement et la formation professionnelle.
L'ambassadeur Karklins a dit que le Sommet marquerait profondément notre
vision du futur. Ce Sommet n'est pas en effet une réaction à un problème,
a-t-il ajouté, mais plutôt à un enjeu, celui d'améliorer la vie de tous les
habitants de la planète.
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