Sommet mondial sur la société de l'information: un éclatant
succès
A Tunis, consensus et engagement laissent augurer d'une
société
de l'information plus équitable
Tunis, le 18 novembre 2005 —
La seconde phase du Sommet mondial sur la société de l'information s'est achevée
aujourd'hui, après presque une semaine de négociations intenses, huit séances
plénières, 308 manifestations parallèles organisées par 264 organisations et 33
conférences de presse, qui ont rassemblé environ 19 000 participants venus du
monde entier.
Qualifié de succès retentissant par les délégations nationales de 174 Etats
et les participants de plus de 800 entités - organismes des Nations Unies,
entreprises du secteur privé, organisations de la société civile - le Sommet qui
s'est tenu à Tunis avait pour objet de traiter le problème de la "fracture
numérique" et d'exploiter le potentiel des technologies de l'information et de
la communication (TIC) afin de stimuler le développement économique et social.
Les deux documents issus du Sommet - l'Engagement de Tunis et l'Agenda
de Tunis pour la société de l'information - ont été entérinés par les
dirigeants du monde entier à la cérémonie de clôture du Sommet, vendredi soir.
S'adressant aux délégués à la huitième et dernière séance plénière, M. Yoshio
Utsumi, Secrétaire général du Sommet, a relevé que le chemin a été long depuis
que, voici sept ans, l'idée de ce Sommet a été retenue à Minneapolis par la
Conférence de plénipotentiaires de l'UIT. "Il est opportun qu'à ce stade, notre
voyage nous a amenés à Tunis, capitale du pays qui a lancé le processus", a
déclaré M. Utsumi. Et le Secrétaire général du Sommet d'ajouter: "Le SMSI
n'était pas un Sommet comme les autres, car il s'est tenu en deux phases, l'une
dans un pays développé, l'autre dans un pays en développement - et c'est en
partie grâce à cette approche que tout l'éventail des problèmes concernant la
société de l'information ont pu être considérés, et qu'a pu être mise en
évidence l'absolue nécessité de réduire la fracture numérique.
M. Utsumi a ajouté qu'avec cette structuration en deux phases, il a été
possible d'élaborer un plan concret de mise en oeuvre aux plans national,
régional et international, de sorte que les engagements pris se traduiront
assurément dans les faits: "Le SMSI a véritablement pour objet de tirer le
meilleur parti d'une nouvelle opportunité, d'un nouvel outil. Le SMSI valorise
le dialogue et la coopération universels dans la recherche de solutions aux
problèmes qui se font jour au XXIe siècle. Si nous agissons comme il le faut, il
n'y aura que des gagnants dans la société de l'information."
Un engagement universel
Le Sommet a rassemblé 19'401 participants, à savoir:
- 46 chefs d'Etat ou de gouvernement, Princes héritiers et Vice-Présidents et 197 Ministres/Vice-Ministres
- 5 857 participants représentant 174 Etats et la Communauté
européenne
- 1 508 participants représentant 92 organisations internationales
- 6 241 participants représentant 606 ONG et entités de la société
civile
- 4 816 participants représentant 226 entités du secteur privé
- 1 222 journalistes accrédités de 642 médias dont 979 sur place
représentant la télévision, la radio, la presse écrite et la presse en
ligne du monde entier.
Un accord mondial sur des questions fondamentales
Trois questions fondamentales ont dominé la préparation du Sommet de Tunis:
la gouvernance de l'Internet, les stratégies de financement et les mécanismes de
mise en oeuvre du Plan d'action élaboré pendant la première phase du SMSI en
2003, à Genève.
Gouvernance de l'Internet
L'accord décisif négocié à Tunis sur la gouvernance de l'Internet reconnaît
la nécessité de renforcer la coopération pour faciliter la tâche des
gouvernements. Cet accord repose sur un certain nombre de principes nouvellement
adoptés et de mécanismes pour l'avenir:
- Tous les gouvernements devraient assumer un rôle égal et des
responsabilités égales dans la gouvernance de l'Internet ainsi que dans
le maintien de la stabilité, de la sécurité et de la continuité de ce
réseau.
- Les pays ne devraient pas intervenir dans des décisions concernant
les noms de domaine de premier niveau correspondant à des codes de pays
(ccTLD).
- Il est nécessaire de renforcer la coopération des parties prenantes
en ce qui concerne les politiques publiques applicables aux noms de
domaine génériques de premier niveau (gTLD).
Cette coopération devrait couvrir l'élaboration de principes universellement
applicables pour ce qui est des questions de politique publiques associées à la
coordination et à la gestion des ressources essentielles de l'Internet.
L'orientation vers un tel renforcement de la coopération s'amorcera d'ici la fin
du premier trimestre 2006.
Un autre élément important du document issu de Tunis est la création d'un
nouveau Forum sur la gouvernance de l'Internet (IGF) qui sera convoqué par le
Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, pour susciter et
encourager entre les multiples parties prenantes un dialogue sur les questions
de développement et les questions de politique publique. Ce Forum servira de
plate-forme pour examiner des questions de politique publiques multisectorielles
qui ne sont pas couvertes de façon adéquate par les mécanismes actuellement en
place. Ce nouveau Forum devrait voir le jour au cours du premier semestre de
2006 et tenir sa réunion inaugurale à Athènes, à l'invitation du Gouvernement de
la Grèce.
Le Forum sur la gouvernance de l'Internet facilitera l'échange d'informations
et de meilleures pratiques, aidera à trouver des solutions aux problèmes
découlant de l'utilisation et de la mauvaise utilisation de l'Internet, qui
préoccupent particulièrement l'usager ordinaire, recensera les nouvelles
questions et les portera à l'attention des organes décisionnels compétents et,
le cas échéant, formulera des recommandations. Le Forum s'appuiera sur les
ressources de toutes les parties prenantes intéressées, y compris sur les
compétences techniques éprouvées de l'UIT.
Le Forum sur la gouvernance de l'Internet n'aura aucune fonction de contrôle
et ne remplacera pas les mécanismes, institutions ou organisations existants. Il
n'interviendra pas dans les opérations courantes ou techniques de l'Internet.
Les principes et les éléments adoptés à Tunis marquent un tournant dans
l'internationalisation en cours de la gouvernance de l'Internet. Dans les années
à venir, le renforcement constant de la gestion des ressources de l'Internet aux
niveaux régional et national garantira les intérêts et les droits de chaque pays
dans la gestion de ses propres ressources Internet tout en maintenant une
coordination à l'échelle mondiale.
Mécanismes de financement
Les textes issus des travaux du SMSI réaffirment les accords de Genève selon
lesquels les technologies de l'information et de la communication constituent un
outil essentiel des stratégies nationales de développement. C'est pourquoi le
financement du déploiement des TIC est vital si l'on veut atteindre les
Objectifs du Millénaire pour le développement.
Dans ce document, où la création du Fonds de solidarité numérique est
reconnue à sa juste valeur, l'accent est mis sur l'importance d'assurer à tous
les citoyens un accès aux communications qui soit de qualité et d'un coût
abordable tandis que sont notées les inégalités actuelles.
Le document recense également les domaines où les mécanismes actuels de
financement pourraient être améliorés et où les TIC pourraient être considérées
comme prioritaires aussi bien par les pays en développement que par leurs
partenaires de développement, compte tenu des engagements financiers déjà pris
tels que le consensus de Monterrey. Tout en admettant que le financement de
l'infrastructure des TIC n'est plus une affaire d'investissements publics, on
reconnaît également que les investissements privés et les forces du marché ne
peuvent à eux seuls garantir la totale participation des pays en développement
au marché mondial des services TIC. Par conséquent, une coopération et une
solidarité accrues ainsi que l'élaboration de politiques nationales de
développement de nature à créer un environnement propice et concurrentiel sont
encouragées.
Après Tunis: suivi et mise en oeuvre
Pour le SMSI, Tunis n'est pas la fin du chemin. Au Sommet des solutions, l'Agenda
de Tunis pour la société de l'information reconnaît que l'heure n'est plus
maintenant aux principes mais à l'action.
Bien que plus de 2 500 projets aient été lancés entre la première et la
seconde phase du SMSI pour réduire la fracture numérique, les documents issus de
Tunis soulignent clairement qu'il faut encore faire plus et vite. L'UIT gère
déjà le processus de l'inventaire du SMSI afin de créer une base de données des
activités de mise en oeuvre des TIC. Pour la phase de Tunis du Sommet, elle a
également créé un Livre d'Or dans lequel sont répertoriés les projets annoncés
pendant le Sommet. On compte déjà plus de 200 projets à ce jour qui supposent
pour beaucoup d'entre eux des investissements de plusieurs millions de dollars.
Les 11 grandes orientations du Plan d'action initial de Genève énoncent les
éléments essentiels pour l'édification de la société de l'information. L'Agenda
de Tunis dresse désormais une liste précise des modérateurs/coordonnateurs
possibles pour chacune de ces grandes orientations.
Dans les mois à venir des efforts majeurs seront faits pour organiser la mise
en oeuvre des résolutions de Genève et de Tunis.
Pour coordonner ces travaux — comme cela est demandé dans l'Agenda de Tunis —
le Secrétaire général du Sommet, M. Yoshio Utsumi, a annoncé que l'UIT
convoquerait bientôt une réunion des modérateurs pour les différentes grandes
orientations. Cette réunion sera organisée en collaboration avec l'UNESCO et le
PNUD qui représentent avec l'UIT les trois piliers de la société de
l'information: infrastructure, contenu et développement.
Aux travaux nécessaires pour mettre en oeuvre les grandes orientations
s'ajoutent les activités sur l'inventaire actuellement menées par l'UIT ainsi
que la finalisation d'une méthode concertée d'évaluation des progrès réalisés
dans la réduction de la fracture numérique sur la base d'un ensemble unifié
d'indicateurs fondamentaux et aussi d'indices composites.
Pour faciliter la mise en oeuvre des résultats du SMSI, il est demandé au
Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies de consulter le Conseil
des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies (CCS), qui est composé
des chefs des principaux organismes des Nations Unies et qui se réunit deux fois
par an, et de créer un groupe des Nations Unies sur la société de l'information.
Dans les mois à venir, les modalités de création, le fonctionnement, les
objectifs et les méthodes de travail de ce groupe seront définis dans un plan
qui sera présenté à la prochaine réunion du CCS, laquelle aura lieu à Madrid en
avril 2006. On attend de l'UIT, de l'UNESCO et du PNUD qu'ils jouent un rôle
essentiel dans la création de ce groupe.
En outre, par l'intermédiaire de l'ECOSOC, le Secrétaire général de
l'Organisation des Nations Unies rendra compte à l'Assemblée générale d'ici
juin 2006, des modalités de coordination interinstitutions de la mise en oeuvre.
A la même réunion, M. Yoshio Utsumi, en sa qualité de Secrétaire général du
Sommet, rendra compte lui aussi des résultats obtenus.
En novembre 2006, l'UIT tiendra sa Conférence de plénipotentiaires à Antalya
(Turquie) et à cette occasion continuera d'adapter son mandat aux exigences de
la société de l'information.
Le dialogue se poursuit
Le monde des TIC se caractérise par une évolution technologique rapide et
ininterrompue. L'Internet de demain sera très différent de l'Internet
d'aujourd'hui, ainsi qu'il ressort du nouveau rapport de l'UIT, The
Internet of Things (l'Internet des objets) qui a été présenté au Sommet de
Tunis.
Le processus de suivi mis en place par le SMSI s'accompagne de plusieurs
échéances qui visent à garantir la poursuite du débat et de l'examen des
politiques générales, de telle sorte que les résultats du Sommet puissent être
adaptés en fonction de l'évolution du monde des TIC.
Au plan national, tous les pays sont encouragés à élaborer des
cyberstratégies qui devraient faire partie intégrante de leurs plans de
développement nationaux et de leurs stratégies de lutte contre la pauvreté. La
date limite fixée en la matière est 2015 mais, d'ores et déjà, de nombreux pays
ont commencé de mettre en oeuvre des plans de ce type.
Un accès peu onéreux est un élément fondamental de la réduction de la
fracture numérique. Ainsi que le Sommet l'en a chargée, l'UIT continuera de
s'employer à étudier la question prioritaire de la connectivité Internet
internationale.
L'Agenda de Tunis appelle l'ECOSOC à superviser le suivi des résultats des
phases de Genève et de Tunis du SMSI à l'échelle du système. Dans l'esprit de la
réforme de l'ECOSOC requise par les dirigeants du monde entier lors du Sommet
qui a eu lieu en septembre à New York, le texte de Tunis demande à l'ECOSOC de
revoir le mandat de la Commission de la science et de la technique au service du
développement, ainsi que l'approche multi-parties prenantes.
Ces efforts trouveront leur aboutissement dans le bilan global que
l'Assemblée générale fera, en 2015, de la mise en oeuvre des résultats du SMSI.
Cette échéance est la même que celle qui est fixée dans le Plan d'action de
Genève en ce qui concerne la connexion de toutes les communautés non connectées.
Enfin, il est demandé à l'Assemblée générale des Nations Unies de déclarer le
17 mai Journée mondiale de la société de l'information. Le 17 mai correspondant
déjà à la Journée mondiale des télécommunications, l'UIT coopérera à la
célébration de cet événement qui gagnera ainsi en importance.
S'adressant aux délégués lors de la clôture de la 8ème et dernière séance
plénière, M. Utsumi s'est félicité de ce que le processus du SMSI ait permis de
placer les TIC au coeur des plans de développement des pays. "Grâce à ce Sommet,
les dirigeants du monde entier sont dorénavant pleinement conscients de
l'importance fondamentale des TIC", a-t-il déclaré, ajoutant qu'au bout du
compte le SMSI n'était pas "seulement un Sommet sur la technologie, mais
essentiellement un Sommet sur l'homme et sur ses potentialités".
Pour consulter le texte intégral de l'Engagement de Tunis, cliquer
ici et pour l'Agenda de Tunis pour la société de l'information,
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