Déclaration du Canada prononcée par l’honorable Mac Harb,
Sénateur
Tunis, le 17 novembre 2005
Monsieur le Président, c’est pour moi un honneur de
prendre aujourd’hui la parole au nom du gouvernement du Canada devant un tel
auditoire.
Nous sommes tous venus à Tunis pour réfléchir au rôle
constructif que le Sommet mondial sur la société de l’information peut jouer
dans l’élaboration d’une vision commune des sociétés de l’information et du
savoir.
L’existence de réseaux de communication modernes ne
saurait garantir, à elle seule, le progrès. Notre vision doit être axée sur
le facteur humain. À moins de veiller à ce que les bienfaits de l’âge de
l’information contribuent à rendre la société meilleure, nous ne pouvons
prétendre à la réalisation de nos objectifs de développement. Comme l’a
déclaré le grand universitaire canadien Marshall McLuhan : « Il n’y a pas de
passagers sur le vaisseau Terre. Nous sommes tous membres de l’équipage. »
Dans un monde où la technologie évolue constamment, nous
savons qu’une chose au moins est immuable : le sens de la créativité et de
l’innovation. Si les technologies de l’information et des communications
connaissent un tel développement, c’est en raison de notre capacité
collective à innover. Un sens inné nous conduit à nous exprimer.
C’est pourquoi, Monsieur le Président, la société de
l’information que nous voulons construire doit être enracinée dans le
respect de la liberté d’exprimer des opinions sans interférences. À cela
s’ajoute la liberté de chercher, recevoir et transmettre des informations et
des idées dans tous les médias sans égard aux frontières.
Toute restriction de ces libertés va à l’encontre des
obligations auxquelles tous les pays ici réunis ont souscrit le jour où ils
ont signé la Charte des Nations unies. Toute restriction de la liberté
d’opinion et d’expression appauvrit une société, la privant de la vitalité,
de la créativité et de la diversité dont elle a besoin pour prospérer. Il
est clair, Monsieur le Président, que je ne parle pas ici de la
responsabilité des états de lutter contre l’usage des TICs à des fins telles
que le racisme, la propagande haineuse, la pornographie juvénile et le
trafic des personnes.
Tout au long de la préparation du Sommet, nous n’avons
cessé de souligner combien il était indispensable d’engager tous les
intervenants dans un cadre intégré. Sans la participation de la société
civile, dont le secteur privé, ce sommet n’aurait pas pu réaliser ces
objectifs. Il en va de même pour la société de l’information. Nous sommes
heureux de constater que les documents qu’on nous invite à adopter
enchâssent encore davantage la coopération entre les Nations unies et la
société civile.
Au cours de la phase de Genève, nous avons mis au point
un schéma de la société de l’information telle que nous l’envisageons, que
l’on retrouve dans la Déclaration de principe et le Plan d’action. Nous
exprimons notre volonté de mettre en œuvre ce Plan d’action bien au delà de
la clôture de ce Sommet. Nous ferons en sorte que la réalisation de ces
engagements soit le fait de tous les acteurs, à l’œuvre dans un processus
intégré. Nous avons assuré également la stabilité et la sécurité à long
terme de l’internet tout en nous engageant à adapter et à améliorer la façon
dont nous, les gouvernements, traitons des questions de politiques liées à
l’internet. Nous le ferons dans un cadre élargi faisant appel aux
institutions internationales, aux gouvernements, et à la société civile, y
compris le secteur privé.
Le défi pour la communauté internationale consiste à «
exploiter les possibilités du savoir et de la technologie » pour promouvoir
la réalisation des Objectifs de Développement du Millénaire. Une question se
pose : comment utiliser ces possibilités pour réduire la pauvreté? En
s’inspirant de son expérience nationale de l’élaboration d’une stratégie
pour une société de l’information, et des initiatives existantes visant à
mettre les technologies de l’information et des communications au service du
développement, le Canada propose un certain nombre de principes directeurs
qui ont été entérinés par ce Sommet : la création de conditions propices, le
développement des capacités humaines, le centrage des TICs sur le
développement, et l’accès pour tous à ces technologies.
Le Canada a le bonheur d’avoir une population
diversifiée. Or, les efforts visant à favoriser la création et la protection
du contenu local contribuent à l’excellence canadienne dans ce domaine. Le
Canada profite aussi de son héritage linguistique, à la fois anglais,
français et autochtone. Il n’est pas étonnant que nous soyons fiers des
trois lauréats canadiens récompensés à l’occasion du Sommet de Tunis, dans
la catégorie du « meilleur » contenu au regard du cybergouvernement, de la
cyberinclusion et de la cybersanté.
Aujourd’hui, le Canada est l’un des pays où la
connectivité a le plus progressé. Nous sommes un des chefs de file mondiaux
en ce qui concerne la connectivité des établissements d’enseignement, des
collectivités et des gouvernements, et cela, sur l’ensemble de notre vaste
territoire. Nous nous sommes engagés à ce que des services Internet à haute
vitesse ou à large bande soient accessibles dans chaque communauté
canadienne, y compris dans les régions éloignées et du Nord.
Or, la réalisation de cet objectif n’est possible que par
des partenariats avec de multiples intéressés : l’État, le secteur privé et
la société civile, unis vers un même but. De tels partenariats renforcent la
participation au niveau des collectivités et aident celles ci à prendre en
charge leur avenir. Nous nous réjouissons de voir que ce Sommet illustre la
possibilité de tels partenariats dans le cadre du système des Nations Unies.
La société civile apporte une vision de ce qui est
possible sur le terrain en ce qui concerne les utilisations et les
applications des technologies de l’information et des communications. Ils
est important que tous les points de vue soient pris en compte et nous
devons accorder prêter une oreille attentive aux peuples autochtones, aux
personnes handicapées, aux jeunes et aux milieux universitaires, pour ne
nommer que ceux là.
Le gouvernement du Canada a œuvré de concert avec des
organismes à but non lucratif, tels que la Commission canadienne pour
l’UNESCO, pour que des représentants de la société civile de tout le Canada
aient pu faire valoir leurs points de vue lors des préparatifs du SMSI.
Tout au long de l’élaboration du Sommet, le Canada s’est
associé au Forum mondial des peuples autochtones et communautés aborigènes
pour faire valoir leurs points de vue sur le SMSI et établir les bases d’un
portail international autochtone.
Par ailleurs, le Canada est conscient de l’importance de
faire participer les jeunes, qui seront des parties prenantes à la société
de l’information de demain. Nous avons apporté notre soutien à la
participation des jeunes aux Sommets de Genève et de Tunis par
l’intermédiaire du caucus des jeunes et, dans ce cas précis, de « Rescol
Afrique ». Nous saluons le dynamisme des jeunes et l’organisation, par ceux
ci, de campagnes d’information sur le Sommet, menées dans près de 30 pays.
Pour se faire une idée de notre stratégie en ce qui
concerne l’utilisation de la technologie au profit du développement,
j’invite tous les délégués à visiter le pavillon du Canada à l’exposition
consacrée aux technologies de l’information et des communications au service
de tous, y compris à discuter avec les représentants du Centre de recherches
pour le développement international (CRDI) et des autres ministères et
organismes gouvernementaux présents pour l’occasion.
Le CRDI a fait œuvre de pionnier avec le concours de
chercheurs du Sud. En effet, un partenariat public-privé, auquel il est
prévu d’affecter 21 millions de dollars, a été créé entre le CRDI, la
société Microsoft et l’Agence suisse pour le développement et la
coopération, et cela, pour apporter un soutien à l’initiative «
télécentre.org », qui consiste à renforcer les capacités des responsables
locaux des télécentres dans le monde entier.
De plus, le Centre canadien de ressources sur les
cyberpolitiques (CCRCP), qui est la contribution du Canada au Réseau mondial
sur les cyberpolitiques (ePol NET), sert de point de convergence local au
renforcement des ressources et du savoir faire canadiens visant à appuyer la
mise en place, par les pays africains, de cyberstratégies et de
cyberpolitiques. Le Fonds du Canada pour l’Afrique versera 10 millions de
dollars sur trois ans à cette initiative.
En juin 2004, on a créé le « Partenariat visant à mesurer
le progrès des technologies de l’information et des communications au
service du développement ». Depuis lors, ce partenariat a élaboré des
méthodes et fourni les ressources nécessaires à la collecte de statistiques
sur les TIC, pertinent pour le développement. Le Canada apporte une
contribution cruciale au Partenariat. À ce titre, nous saluons chaudement la
publication récente du document « De la fracture numérique aux perspectives
numériques : l’Observatoire des info-États au service du développement ».
Nous nous réjouissons des nombreux témoignages récents de
réalisations similaires, en vue notamment de renforcer les sociétés de
l’information dans différents pays et de combler le fossé numérique à
l’échelle internationale. Toutefois, malgré ces réalisations, le travail ne
fait que commencer.
Pour réaliser notre vision d’une société de l’information
et du savoir, nous devrons faire preuve de détermination, d’imagination et,
surtout, d’un sens du partenariat sans précédents. Prenons donc ensemble
l’engagement d’œuvrer de concert à la réalisation d’un objectif noble, à
savoir l’édification d’une société de l’information inclusive placée sous le
signe de la liberté et des possibilités pour tous. |