INTERVENTION DE MARCEL A. BOISARD, SOUS-SECRETAIRE GENERAL
DES NATIONS UNIES ET DIRECTEUR GENERAL DE L'UNITAR
Tunis, le 18 novembre 2005
Monsieur le Président,
Excellences,
Distingués délégués,
Mesdames et Messieurs,
Chers collègues,
Depuis plus de quatre ans, l’Institut des Nations Unies
pour la Formation et la Recherche, l'UNITAR, conçoit et conduit des
programmes de formation et de renforcement des capacités pour l'utilisation
des technologies de l'information et de la communication, avec diverses
instances des Nations Unies, en particulier l'Union Internationale des
Télécommunications et le PNUD. Compte tenu du temps très bref qui m'est
imparti, je voudrais vous entretenir seulement du programme mené dans le
cadre de la formation à la coopération décentralisée.
Au cours des années 90, les villes et les pouvoirs locaux
furent associés aux discussions intergouvernementales sur l'habitat et sur
le développement durable. Depuis lors, ils n'ont cessé de participer à
certains aspects des affaires internationales en y apportant leur vision et
leur contribution légitime.
Le processus du Somment Mondial sur la Société de
l'Information (SMSI) a été suivi par les autorités locales. Une première
étape fut franchie en décembre 2003, lors d'une importante rencontre tenue à
Lyon, qui a adopté une Déclaration de Principes exposant le rôle et les
responsabilités qu'elles entendent assumer pour constituer l'un des moteurs
de la société de l'information. A cette occasion, les villes et les pouvoirs
locaux avaient été les premiers à appuyer la création du Fonds mondial de
solidarité numérique.
En outre et afin de soutenir les initiateurs et porteur
de projets concrets d'actions, la ville de Lyon a mis en place une Agence
pour la solidarité numérique dont l'UNITAR est partenaire fondateur.
Entre la première phase de votre Sommet, tenu à Genève en
2003, et la présente seconde phase qui se déroule ces jours dans cette
merveilleuse Tunisie que nous remercions pour son hospitalité, les villes et
les pouvoirs locaux se sont réunis plus de quinze fois, en sessions
régionales, et de nombreuses fois dans leur cadre institutionnel propre. Ils
ont débattu d'enjeux sectoriels ou ont tenu des conférences plus politiques
axées sur leur rôle dans la société de l'information. Avec le soutien du
Gouvernement basque, I'UNITAR a accompagné cette démarche pas à pas depuis
deux ans et, chemin faisant, a pu mesurer tout l'intérêt que les villes et
régions attachent à la coopération et à l'échange d'expériences entre
autorités locales, le secteur privé et la société civile.
Une seconde réunion d’autorités locales s'est tenue, au
plus haut niveau, la semaine dernière, à Bilbao. Elle comptait plus de 2.000
participants dont près de 300 gouverneurs, maires et responsables
d'autorités locales et plus de 30 associations de villes et de régions. A
l'issue des travaux, une Déclaration et un plan d'actions furent adoptés.
Ces documents sont disponibles dans cette enceinte, puisque le Président du
Gouvernement basque, le Maire de Tunis et diverses autres parties, dont l'UNITAR,
ont présenté au Secrétaire Général des Nations Unies et au Secrétaire
General de l’Union Internationale des Télécommunications.
Les autorités locales et municipales veulent ancrer leur
action autour de trois axes principaux :
1. L'établissement d’agendas numériques locaux, des
stratégies endogènes pour le développement de la société de l'information,
qui inclurait des projets — si possible des projets conjoints entre
différentes autorités locales — préparés pour et avec les citoyens, afin de
répondre, au mieux, à leurs besoins et à leurs attentes.
2. L'affirmation et le renforcement du rôle et
des responsabilités des autorités locales.
3. La promotion de la coopération entre autorités
régionales et municipales, d’Etats industrialises et de pays en voie
de développement, par un échange fourni et spontané de pratiques, de
techniques, de connaissances et d'expériences. Un tel réseau
d'informations validera les initiatives locales, renforcera leur
efficacité et facilitera le soutien apporté aux plus vulnérables. Il
a donc été décidé d'établir un instrument décentralisé, dans le
domaine de la société de l'information, un Réseau de Coopération
Décentralisé et de Solidarité Numériques. Bien sûr, ce réseau ne
saurait être exclusif. Au contraire, il se posera en complément et
en support du Fonds de solidarité numérique.
Ce Réseau pour la Coopération Décentralisée et la
Solidarité Numériques, né au terme de la Conférence de Bilbao, se mettra à
l'œuvre sans tarder, en focalisant les efforts initiaux sur trois plans
spécifiques
1. Continuer d'identifier et de faire connaître
les possibilités et les chances qu'offre la Société de
l'Information, comme support de l'émancipation des hommes et femmes
ainsi que du développement durable; au niveau des municipalités et
des régions ;
2. Encourager une formation systématique et
efficace des autorités locales de par le monde, pour un
développement accéléré et adéquat de la Société de l'Information, en
tirant profit de l'expertise et de l'expérience de chacun;
3. Concevoir et promouvoir des instruments
financiers rendant possible la mise en œuvre des programmes
identifiés à travers les agendas numériques locaux, avec une
priorité affichée pour ceux qui reposent sur un souci de solidarité.
Grâce à cette mise en réseau et au développement de
synergies, les autorités régionales et municipales pourront bâtir sur ce qui
existe déjà. A cet égard, l'UNITAR restera à leurs côtés et à leur
disposition. Nous en avons pris l'engagement formel à Bilbao.
Sur le plan de l'action, du renforcement des capacités
institutionnelles et de la formation professionnelle, l'UNITAR veut
accompagner les autorités locales — et leurs associations — à faire face aux
défis des nouvelles technologies. En s'appuyant sur des valeurs
essentielles, qui furent réaffirmées à Bilbao, on pourra construire une
Société de l'Information socialement inclusive, regroupant toutes les
couches de la population, sans égard à leur niveau culturel, leur statut
économique, leur origine et leur genre. Les autorités municipales et locales
ont, dans ce domaine, le grand avantage de la proximité.
Je vous remercie de votre attention. |
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