Organisation
météorologique mondiale
Michel Jarraud, Secrétaire général
(Tunis, Tunisie, 17 novembre
2005)
Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs les représentants des organisations
internationales,
Mesdames, Messieurs,
C’est un honneur pour moi de prendre la parole devant
cette assemblée à l’occasion du Sommet mondial sur la société de
l’information (SMSI).
Les catastrophes naturelles d’une intensité, d’une
fréquence ou d’une ampleur inhabituelles constituent une menace croissante
pour la vie, les biens, les activités humaines et l’environnement, qu’il
s’agisse des tornades, des orages, des ouragans, des typhons, des
inondations côtières et fluviales, des sécheresses et de la désertification
ou bien des tsunamis et des tremblements de terre que nous avons encore tous
en mémoire. Les catastrophes naturelles n’épargnent aucun pays. Ces vingt
dernières années, elles ont fait plus de trois millions de victimes, dont
90 % environ habitaient des pays en développement. De fait, la plupart de
ces pays subissent non seulement des dommages directement causés par ces
catastrophes, mais aussi très souvent des conséquences indirectes qui
peuvent prendre la forme d’une insécurité alimentaire, de la propagation de
diverses maladies et de problèmes à plus long terme liés à la
désertification, aux famines et à l’émigration de masse.
L’amélioration des processus de planification et de
décision est, à tous les niveaux, un élément essentiel de la prévention des
dangers naturels. À cet effet, l’accroissement de la précision et de la
fiabilité des informations sur le temps, le climat et l’eau à l’échelle du
globe et l’accès libre, gratuit et en temps réel à ces informations comptent
parmi les conditions indispensables à une évaluation des risques de
catastrophe naturelle, à une analyse de la vulnérabilité et à la mise en
œuvre de mesures de préparation et d’intervention réellement efficaces.
Le rejet accidentel ou délibéré de substances dangereuses
dans l’atmosphère ou les eaux constitue aussi une grave menace pour la vie
et la sécurité des personnes, qui peut prendre une dimension internationale.
La diffusion d’informations et d’alertes au sujet de la concentration de
substances toxiques ou radioactives dans l’atmosphère joue donc un rôle
essentiel dans l’atténuation des conséquences catastrophiques que peuvent
avoir des événements de ce type pour les populations et l’activité
économique.
La facilité d’accès aux informations sur le temps, le
climat et l’eau, et notamment aux prévisions et aux alertes précoces, peut
contribuer de manière déterminante au développement durable et avoir des
conséquences importantes sur le plan socio-économique. L’agriculture, les
pêches, la foresterie, la gestion des ressources énergétiques et des
ressources en eau, les transports terrestres, maritimes et aériens, les
services bancaires et d’assurance, le bâtiment et l’architecture urbaine, la
santé, les loisirs et le tourisme sont autant de secteurs qui peuvent tirer
directement avantage d’informations météorologiques et hydrologiques
pertinentes. De plus, l’accès aux informations climatologiques, et en
particulier aux prévisions climatiques et aux évaluations du changement
climatique, peut présenter, pour nombre de pays, un intérêt majeur du point
de vue social et économique.
Depuis la mise en place des premiers réseaux
météorologiques au XIXe siècle, les technologies de l’information
et de la communication (TIC) ont joué un rôle capital dans l’essor de la
météorologie et des disciplines connexes. Aujourd’hui, vingt-quatre heures
sur vingt-quatre et sept jours sur sept, les 187 Membres de l’OMM assurent
le fonctionnement de plus de 200 centres météorologiques qui échangent en
temps réel leurs données d’observation, leurs analyses, leurs prévisions et
leurs messages d’alerte précoce. Les systèmes d’observation de l’OMM
comprennent plus de 11 000 stations en surface, un millier de stations en
altitude et environ 7 000 navires ainsi qu’une quantité innombrable de
bouées, d’aéronefs, de radars météorologiques et de satellites. Le réseau
d’observation comprend aussi quelque 300 stations perfectionnées pour la
mesure des constituants chimiques de l’atmosphère tels que les gaz à effet
de serre, l’ozone et les substances toxiques ou radioactives. L’OMM
coordonne par ailleurs les réseaux d’observation hydrologique. Dans le cadre
plus large de son projet de dispositif d’alerte précoce multidanger, l’OMM
assure, sur le plan international, la coordination, l’élaboration et la
diffusion des alertes précoces aux dangers naturels liés au temps, au climat
et à l’eau. De plus, elle met à la disposition d’autres organisations son
Système mondial de télécommunications (SMT), qui pourrait ainsi devenir le
réseau fédérateur pour l’échange des alertes précoces et des informations
connexes relatives à de nombreux dangers naturels, comme ce sera le cas pour
les nouveaux systèmes d’alerte aux tsunamis mis en place dans l’océan Indien
et les autres régions océaniques menacées.
Le temps, l’eau et le climat ignorent les frontières.
Seul l’échange des informations les plus appropriées peut garantir la
prestation de services efficaces aux utilisateurs, aux secteurs économiques
concernés et au grand public. L’OMM s’emploie résolument à favoriser, à
coordonner et à appuyer l’utilisation des technologies de l’information et
de la communication en vue d’améliorer l’élaboration, l’échange et la
diffusion, aux niveaux mondial, régional et national, des informations et
des alertes concernant les dangers liés au temps, au climat et à l’eau et à
mettre en place son Système mondial de télécommunications de la prochaine
génération, à savoir le Système d’information de l’OMM. Il s’agit là d’un
concept qui se situe dans le droit fil des résultats escomptés du présent
sommet et de l’une des contributions de l’OMM à la réalisation des Objectifs
du Millénaire pour le développement approuvés par les Nations Unies.
C’est dire que le progrès des technologies de
l’information et de la communication et de leur mise en application jouera
un rôle essentiel dans l’accès aux informations et aux services
météorologiques, climatologiques et hydrologiques, qui sont indispensables à
la protection des personnes et des biens et à la mise en œuvre d’un
développement durable, pour le plus grand profit de l’humanité.
Je vous remercie.
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