Journée mondiale des télécommunications 1999

IHT 17 mai 1999


Transactions entre sociétés: des possibilités infinies

La connectivité transforme le mode de fonctionnement des entreprises.


Dans la ville italienne de Cherasco (6 200 habitants), les escargots sont à l'ère de l'électronique. Aux questions d'un visiteur sur la principale activité de sa ville - l'élevage des escargots - le maire a répondu fièrement: ''Aimeriez-vous voir notre page Web?''. ''Vous pouvez la consulter en italien et en anglais. Nous y donnons des informations sur les escargots et y proposons un abonnement à notre revue ''L'élevage des escargots''. Vous savez, nous pouvons maintenant contacter les quelque 12 000 éleveurs d'escargots du monde entier''.

Une autre approche est celle de l'usine Daimler Chrysler, construite en 1997 en Alabama. Cette usine ultramoderne possède un système de technologie de l'information totalement intégré. Il gère toutes les opérations commerciales des liaisons avec les fournisseurs extérieurs au programme d'import-export.

Ainsi, les entreprises d'une zone commerciale étrangère peuvent contrôler les données financières et les stocks et tenir à jour d'autres informations sur les produits.

Qu'il s'agisse d'escargots ou de voitures, on voit bien l'importance croissante du commerce électronique.

''Le commerce électronique entre entreprises se voit éclipsé aux yeux du public par la vente au consommateur qui le fascine'', fait valoir Connie Lindgreen, vice-présidente d'IBM chargée des applications du commerce électronique mondial. C'est compréhensible, dit-elle, mais regrettable, car les répercussions du commerce électronique entre entreprises sont aujourd'hui beaucoup plus importantes pour nos économies.

L'épine dorsale

Aujourd'hui, les transactions entre entreprises représentent peut-être près de 80% de l'ensemble du commerce électronique, d'après les estimations de International Data Corporation (IDC), et cette tendance est encore plus marquée en Europe. D'après Ferenc Szelenyi, Directeur du commerce électronique pour IBM Europe/Moyen-Orient/ Afrique, cela s'explique par un cožt des communications plus élevé en Europe qu'en Amérique du Nord, qui incite les consommateurs à passer moins de temps - et à dépenser moins d'argent - en ligne. Par ailleurs, les entreprises européennes ont une plus longue tradition des échanges de données informatisées et sont donc plus sensibles aux avantages du commerce en réseau.

Par rapport à l'EDI (réseau privé qui assurait des échanges commerciaux avant Internet), les échanges par l'Internet cožtent beaucoup moins cher et les protocoles sont d'utilisation plus facile. En outre, l'Europe est en pleine transformation économique.

La déréglementation, la libéralisation, l'introduction de l'euro, une nouvelle concurrence et les fusions et acquisitions poussent les entreprises à revoir leurs méthodes commerciales traditionnelles.

''Autrefois'', explique Charles Wang, fondateur et président directeur général de Computer Associates, ''les deux critères fondamentaux pour une entreprise étaient ''le prix'' et ''le produit''. Aujourd'hui, ces critères sont au nombre de quatre: le produit, le service, la qualité et la rapidité''.

''Les transactions entre entreprises consistent à réintégrer la chaîne de l'offre et à gérer le mouvement des marchandises et des services en appliquant des méthodes de collaboration, de passation de marchés et de gestion des stocks. Vous pourrez ainsi restructurer vos relations commerciales et vos relations avec les clients'', explique Mme Lindgreen.

Un marché planétaire

Pour des débuts sans prétention, une petite entreprise peut se lancer dans le commerce international sans grand investissement. L'Union internationale des télécommunications (UIT) donne l'exemple d'un agriculteur kényan qui vend des piments rouges à une chaîne de supermarchés britannique ou d'un village agricole péruvien dont les recettes des ventes de légumes à New York ont permis de quintupler ses revenus en deux ans. Dans les deux cas, ces entrepreneurs doivent leur succès au commerce électronique.

A un niveau plus poussé, des fabricants montent des réseaux pour collaborer avec leurs fournisseurs de pièces et leurs distributeurs. ''Une stratégie dynamique va s'instaurer après 2000, plus agressive, mettant en place des ''applettes'' ou mini-applications prises sur le réseau'', déclare Kyle Pound, un analyste-recherche du groupe Gartner. ''Les clients pourront obtenir les calendriers de fabrication et les prévisions de demande. Quant aux fournisseurs, ils pourront diffuser les spécifications des nouveaux produits et introduire des modifications de conception par la suite.''

Un élément déterminant pour la croissance du commerce électronique entre entreprises sera la capacité de mettre sur pied et de distribuer aux petites et moyennes entreprises des systèmes d'échanges électroniques. L'Italie est un bon exemple, avec ses 3,4 millions d'entreprises, dont seules 236 000 ont plus de 10 employés. Selon Antonio Romano, directeur de la recherche pour IDC Italia, le taux de croissance des technologies de l'infocommunication en Italie pourrait dépasser de beaucoup les prévisions actuelles (9% pour 1999) si les distributeurs pouvaient atteindre ces petites entreprises.

Claudia Flisi