Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les délégués,
Mesdames, Messieurs,
Je tiens à commencer mon allocution de clôture de cette 16ème Conférence
de plénipotentiaires en adressant mes remerciements les plus chaleureux au
Gouvernement du Maroc qui a mis à notre disposition des installations et des
services d'appui hors pair à un moment où les problèmes budgétaires
semblaient être au coeur de toutes les préoccupations. Or, parce qu'il croit
dans la valeur de l'UIT et malgré une conjoncture économique mondiale
difficile qui lui pose de nombreux problèmes, le Maroc n'a pas hésité à
dépenser 10,5 millions de francs suisses pour organiser cette manifestation. Je
crois qu'il mérite nos applaudissements.
Outre la contribution du Maroc, les Etats Membres ont consacré à cette
Conférence 4,9 millions de francs suisses de leur contribution collective à
l'Union. Ajoutons à cela les quelque 11,2 millions de francs suisses que les
différentes délégations ont dépensés en frais de voyage et de séjour. Et
c'est sans compter le coût des réceptions et autres cérémonies qui ont
précédé les élections, et que j'estimerais à au moins 1 million de francs
suisses.
Et pourtant, qu'avons-nous obtenu?
Je ne peux m'empêcher de penser qu'avec autant d'argent, près de 8 000
lignes téléphoniques auraient pu être installées et relier des centaines de
villages à notre société de l'information. Des millions de personnes auraient
ainsi pu bénéficier des avantages de l'accès aux communications. Nous aurions
pu contribuer directement et positivement à la transformation de leurs
conditions de vie.
Naturellement, si cette Conférence avait abouti à un tel résultat, notre
organisation s'en serait trouvée plus forte et mieux armée pour s'acquitter de
sa mission, ce qui à son tour aurait pu avoir un effet direct et positif pour
l'humanité.
Nous devons tous, je crois, nous rappeler le génie de deux hommes dont les
travaux ont façonné notre monde des télécommunications. Marconi voulait
certes trouver le moyen de transmettre des impulsions électriques de l'autre
côté de l'Atlantique, mais il était surtout animé par l'espoir que le monde
deviendrait plus petit et plus pacifique grâce au télégramme. Quant à
Alexander Graham Bell, sa motivation était beaucoup plus simple: il
voulait vaincre un handicap, la surdité de sa femme. Ce furent deux grands
hommes, deux visionnaires auxquels nous devons des concepts révolutionnaires.
Leurs idées ont changé la face du monde pour toujours.
Il y a quatre ans, lorsque j'ai été élu pour un premier mandat à la tête
de l'Union, j'avais moi aussi un rêve: celui de rendre l'UIT plus forte, plus
dynamique, de faire de l'UIT une organisation vraiment pertinente, vraiment
efficace, vraiment responsable. Une organisation qui répondrait aux besoins de
ses mandants dans une perspective beaucoup plus large, qui aille bien au-delà
des seules considérations techniques. Cette dimension politique a d'ailleurs
été consacrée dans le premier plan stratégique que tous les Membres ont
approuvé à Kyoto et auquel ils ont souscrit une nouvelle fois à Minneapolis.
Les fonctionnaires de l'Union et moi-même, nous avons travaillé avec
acharnement dans ce sens et nous avons beaucoup accompli. Pour la première fois
dans l'histoire de l'UIT, un Secrétaire général a pu prendre la parole devant
l'Assemblée générale des Nations Unies. Et nombre des personnalités
éminentes qui siègent dans cette Assemblée entendaient peut-être parler de
l'UIT pour la première fois. Non seulement notre organisation s'affichait sur
les écrans radars des grands de ce monde, mais nous commencions à regagner du
terrain en tant qu'organisation faisant autorité, capable de servir la cause
des pays qui se trouvent du mauvais côté du fossé numérique. L'Assemblée
générale reconnaissait ainsi le rôle de premier plan que joue l'UIT dans le
domaine des technologies de l'information et de la communication. Forte de ce
constat, elle s'est associée au Sommet mondial sur la société de
l'information avec l’UIT comme chef de file.
Par ailleurs, nous avons conçu et réalisé un certain nombre d'activités,
centrées sur des questions réglementaires de première importance. Grâce à
nos efforts, les régulateurs du monde entier commencent à voir en l'UIT une
organisation de référence, une organisation qui donne un sens immédiat à
leur mission.
Mesdames, Messieurs,
Au début de la Conférence, j'espérais qu'ensemble nous allions définir et
construire un avenir crédible et concret pour l'UIT et que nous allions pouvoir
mettre à profit les acquis des dernières années, malgré une conjoncture
très incertaine. Il ne fallait pas manquer d'audace pour défendre certaines
propositions drastiques.
Quatre semaines plus tard, les résultats sont décevants, mon rêve se
brise. Le monde verra un signe de faiblesse dans le fait que la Conférence n'a
pas pris de décisions importantes. A mon grand regret, il sera tout simplement
impossible de mettre en oeuvre le plan financier qu'elle a adopté.
Demander au seul secrétariat, en particulier à son personnel, de supporter
une réduction aussi importante des contributions financières des Etats
Membres, c’est le paralyser.
Non seulement les programmes de nature politique et réglementaire en
pâtiront, mais les fonctions traditionnelles techniques de l'Union seront
atteintes. Si les Etats Membres souhaitent réduire leurs contributions
financières, ils doivent aussi partager le fardeau en fixant des priorités
dans les activités et les programmes et en prenant la responsabilité de mettre
en place des méthodes de travail plus efficaces. Il doit y avoir une
délégation d’autorité de la Conférence de plénipotentiaires au Conseil.
Il faudrait également revoir la structure de base de l’Union, à savoir le
Secrétariat général et les trois Secteurs. C’est la responsabilité des
Etats Membres.
Les Ministres ont été nombreux à dire combien ils étaient convaincus de
l'importance des travaux de l'UIT. Ils en ont reconnu la valeur dans le domaine
de la politique des télécommunications et se sont félicité du rôle
prépondérant que joue l'Union dans l'organisation du Sommet mondial sur la
société de l'information. Nombre d'entre eux ont souligné qu'ils comptaient
sur l'UIT pour les aider à réduire la fracture numérique. Comment l'UIT
pourra-t-elle se montrer à la hauteur de leurs attentes quand des coupes
sombres seront pratiquées dans toute l'organisation?
Il n'y aura pas de nouvelle Conférence de plénipotentiaires avant 2006 et
nous aurons alors encore moins de temps pour couvrir plus de matière. Quatre
ans dans un secteur où l'on compte en nanosecondes? L’UIT est déjà
affaibli: d’ici 2006 elle pourrait bien se retrouvée paralysée. L'UIT ne
peut pas se permettre d'attendre aussi longtemps. Elle doit agir vite, sans quoi
il sera trop tard. L'heure est peut-être venue de s'atteler enfin à la
réforme de l'UIT, en convoquant une Conférence de plénipotentiaires
additionnelle. De durée limitée, avec un ordre du jour restreint, elle aurait
pour seul but de terminer le travail commencé à Kyoto, en ne s'attachant
qu'aux changements structurels fondamentaux nécessaires pour réaménager et
redynamiser l'UIT. Faute de quoi, le problème de l'efficacité de l'UIT et,
partant, de sa pertinence restera sans solution et l'avenir de l'Union sera
réellement compromis.
Pour l'heure, je vais faire de mon mieux pour maintenir le cap en dépit des
vents contraires. Je tiens ici à rendre hommage aux fonctionnaires de l'UIT
tant à Marrakech qu'à Genève. Ils n'ont ménagé aucun effort pour garantir
le bon déroulement de la Conférence et ont fourni des services hors pairs
malgré l'incertitude qui pèse sur le sort de nombre d'entre eux. Ils font
preuve d'un dévouement sans failles pour travailler au mieux de leurs
capacités, et en cela, tous méritent notre reconnaissance. Je tiens à les
remercier personnellement et à les féliciter publiquement. Je forme des voeux
pour que les mois à venir apportent de meilleures nouvelles et pour que les
recettes augmentent, ce qui serait le signe d'une embellie, pour le personnel
comme pour cette organisation que je tiens en si haute estime.
Je souhaite également remercier le Président de la Conférence ainsi que M.
Bennani, M. Lebbadi et tous les Marocains qui ont travaillé avec lui. Je
voudrais également rendre hommage à M. Berrada, qui participe à sa dernière
Conférence de plénipotentiaires. C'est donc avec plaisir que je remets la
médaille d'argent de l'UIT à Son Excellence M. Nasr Hajji en
témoignage de l'estime que nous portons au peuple marocain.
A l'heure où s'achève la seizième Conférence de plénipotentiaires, il ne
me reste plus qu'à souhaiter un bon voyage à tous les délégués.